Musée victor Hugo à Villequier
Le 21 novembre, à partir de 15h30 au musée Victor Hugo à Villequier (76), la lecture de la correspondance entre Juliette Drouet et Victor Hugo, sera effectué par Martial Maynadier - dans le cadre du programme 2010 de l'association du PARC-Blanche Maynadier - contribuant à rendre ce moment exceptionnel. Espérant la présence de nombreuses personnes, afin de partager ce beau moment...
J' essaierai de prendre quelques photos et vous restituer le climat de cette journée, qui je n'en doute pas, sera remplie de découvertes et d'émotion...
Lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo
8 août mercredi soir (1848)
(extrait)
Merci mon cher adoré, merci de ta bonne obligenance. L'articles est charmant et j'espère que M.P. en sera très reconnaissant. J'ai vu avec plaisir, mon amour que vous aviez remarqué la ravissante découverte que nous avons faîte avant-hier. Il ne vous manque plus que de vous en servir plusieurs fois tous les jours pour que ce soit la plus trimphante découverte qu'on ai faîte depuis le père Adam. Vous vous êtes en allé tantôt beaucoup trop tôt mon Toto. Comment voulez-vous que j'aie du courage pour toute la soirée si vous ne me donnez pas un peu de bonheur dans la journée ? J'ai donc fait un bateau à vapeur sans roues ? En vérité ma distraction à l'air d'un épigramme car notre cher petit voyage annuel n'a ni pied, ni patte, ni roue pour faire cette année-ci.
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Victor Hugo à Juliette Drouet
31 décembre 1851, huit heures du soir.
(extrait)
Mon doux ange bien aimé, voici l'année qui finit, année de douleurs, année de luttes, année d'épreuves, l'année qui commence sera l'année d'espérance de joie et d'amour. N'en doute pas, car c'est tout mon coeur qui me le dit. Je suis proscrit, banni, exilé, séparé des miens, pauvre, errant, frappé au coeur et pourtant, quand je me tourne vers toi, il me semble que je vois le bon Dieu qui me sourit.
Tu as été admirable, ma Juliette, dans ces sombres et rudes journées. Si j'avais eu besoin de courage, tu m'en aurais donné, mais j'avais besoin d'amour, et, sois bénie, tu m'en apportais ! Quand, dans mes retraites toujours périlleuses, après une nuit d'attente, j'entendais le matin la clef de ma porte tressaillir sous ta main, j'oubliais tout, je n'avais plus de périls ni de ténèbres autour de moi, c'était la lumière qui entrait !
Oh ! N'oublions jamais ces heures terribles et pourtant si douces où tu étais près de moi dans les intervalles de la lutte ! Rappelons-nous toute notre vie cette petite chambre obscure, ces vieilles tapisseries, ces deux fauteuils côte à côte, ces repas au coin de la table avec le poulet froid que tu apportais, ces causeries si tendres, tes caresses, tes anxiétés, ton dévouement ! Tu t'étonnais de mon calme et de ma sérénité. Sais-tu d'où me venait cette sérénité et ce calme ?
C'était toi !
Vois-tu, Dieu ne frappe jamais tout à fait ; il nous a jeté ici, mais ensemble. Qu'il soit béni !
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