Le temps de la moisson est enfin arrivé;
Lorsque les blés sont mûrs, il faut les ramasser.
La récolte sera, je veux le croire, bonne;
Elle devrait payer le mal que l'on se donne.
Ce n'est pas en dormant que le travail se fait,
Mais c'est en moissonnant que l'on remplit la maie.
Pour pouvoir récolter, il faut avoir semé;
Semer à tous les vents tout ce qui peut germer.
Et moi, si je voulais que tu puisses me lire,
Il fallait bien qu'un jour je me mette à écrire.
Dans ma petite tête, parfois il germe des idées,
Et je les plante là, sur un simple papier.
A présent, tu me lis, tu deviens mon ami;
Et, je ne suis plus seule à rêver dans la nuit.
Je sais que mes mots ne valent pas grand chose,
J'ai peur de les montrer. Mais pour une fois j'ose...
A présent tu me lis, et tu sais que j'existe.
C'est peut-être pour toi que j'entre dans la piste.
Je fais mon numéro et j'attends les bravos;
Je ne récolterai peut-être qu'un zéro...
Je viens de moissonner mes tous derniers poèmes
La terre était inculte, ils ont poussé quand même;
Ils sont un peu tordus et pas très présentables,
Mais ils sont arrivés, tu vois, jusqu'à ta table.
Tout ce que j'ai écrit, tu diras : c'est banal.
Pourtant tu m'auras lu, ce n'est déjà pas si mal...
A travers tous ces mots, tu voudras me chercher,
Peut-être simplement, pour pouvoir te moquer !
Quand on sème le vent, ce n'est pas toujours la fête;
On récolte souvent, il paraît la tempête...
Mes écrits, maintenant au loin vont s'envoler.
Ils sortent de mon coeur; veux-tu les ramasser...
Blanche Maynadier
Poème extrait du recueil de poésies : Messidor, publié en 1969.