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C'est de ce temps là, entre 1965 et 1972, que j'écris ce récit en vers Le poème de Laurent, une très belle histoire d'amour. Mais je ne parlerai pas de l'amour comme tout le monde. Je veux écrire comme Lamartine, faire un livre en vers, écrire des lettres d'amour à un être supérieur que j'aimerai de toute mon âme, où il n'y aura ni rencontre ni sexe, seulement de la littérature à ma façon.
Durant près de huit ans, j'écris en vers, de très belles lettres où je dis tous les mots d'amour que je n'ai jamais dit. Et c'est ainsi qu'avec le temps, en incorporant dans mon texte petit à petit un poème venu d'ici ou là et n'ayant aucun rapport avec ma vraie vie, que naquit un livre versifié de 175 pages.
Dans le même temps j'écrivais Messidor, des poèmes qui pourraient être lus par mon mari, mais qu'il ne lira pas, car pour lui ma poésie ne vaudra jamais rien.
Mais à force de me voir écrire, s'il avait été curieux, il aurait bien fallu que je lui montre quelque chose. Je n'aurais pu lui montrer les poèmes d'amour qui s'adressaient à
<< Laurent >> donc Messidor était une bonne couverture. Là, je parlais de chevaux, de campagne, de village, et je savais que si Pierre mettait le nez dans mes écrits, il n'irait pas très loin.
Messidor était devenu assez vite un livre, à Tarbes. Mais je n'avais pas d'argent pour faire éditer mon roman épistolaire.
Je savais qu'aucun éditeur ne me le prendrait, alors je le poursuivais suivant mes états d'âmes, de temps en temps j'ajoutais une nouvelle lettre, pas toujours en rapport avec celle que j'avais pu écrire la veille.
Pourtant avec le temps, toutes ces lettres ont fait une histoire cohérente... J'ajoutais sans cesse de nouvelles lettres. En y réfléchissant bien, certaines pouvaient sans même que je m'en rendre compte, être des messages à certains correspondants, que je n'avais jamais vus. Je n'ai jamais pu savoir qu'elle était la couleur des yeux de Laurent, un jour ils étaient bleus, un autre jour ils étaient noirs, ce qui fait que le Laurent de mon histoire m'a toujours laissé en attente d'un regard... En écrivant ces lettres à ce Laurent, à qui je m'adressais comme si il était l'homme de ma vie, se posait toujours la même question pour moi. Quelle est la couleur de ses yeux ?...
Enfin, un jour, je juge qu'il est temps d'arrêter cet écrit pour passer à autre chose et je laisse dormir ce roman d'amour, que j'aime bien, et que j'ai écrit souvent les larmes dans les yeux et le coeur rempli d'un amour surhumain.
Entre temps, j'ai fait éditer deux nouveaux poèmes. J'en suis au quatrième et j'ose enfin parler d'amour, dans bien des poèmes, parce que je me rends compte qu'en poésie et en chanson, l'amour tient, et tiendra toujours une très grande place.
Jusque-là, toutes les questions d'amour entraient dans Laurent ... Il fallait en finir. J'ose faire lire enfin mon manuscrit à ce journaliste des Dépèches, Louis Gerriet qui m'a déjà consacré de si beaux article.
Voici la lettre du premier lecteur de Laurent, Louis Gerriet, journaliste aux Dépèches.
<< Chère Madame,
Je viens de lire, avec un beau plaisir, votre manuscrit qui est excellent. Je l'ai reçu hier matin et je l'ai lu aussitôt, malgré tous les travaux que j'ai en train.
Je ne regrette rien.
Et je vous félicite. J'ai retrouvé dans ces nouveaux poèmes, la voix que j'avais aimée dans Demain c'est le printemps.La même fraîcheur et l'étonnante saveur de la simplicité... C'est beaucoup plus original qu'on ne pensera, c'est délicieux. Vous avez su mêler le réel à l'irréel, le conte de fée à une ravissante incantation de l'amour où tout est simple, profondément humain.
Personnellement j'aime beaucoup.
Mais ça ne manquera pas d'irriter les grands pontes. Moi je suis emballé. Et je voudrais pouvoir vous aider, mais comment ? Envoyez le aux grands éditeurs et il sera refusé partout. Il y en a un seul peut-être, qui pourrait être intéressé Claude Tchou 6 rue du Mail à Paris. Essayez toujours, on verra. Mais tapez-le à la machine en tenant compte de mes petites corrections. Vous pouvez dire que c'est moi, qui vous ai suggéré de l'envoyer : ça ne servira à rien, mais je ne pense pas que ça vous desserve
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Certains de vos vers sont très beaux.
Vous avez un don, qui est indéniable pour moi. Mais pour les autres ?
Que Chambelland ne vous ai pas répondu, cela ne m'étonne pas ; il défend une poésie qui n'est pas la vôtre, et pas toujours la mienne.
Mais c'est comme ça.
Il faudrait que vous tombiez sur un grand écrivain qui pourrait vous aider. Je vous donnerai l'adresse d'un écrivain, un ami, vous devriez bien vous entendre avec lui. Je n'ai pas d'éditeur, j'en cherche un, et, c'est aussi introuvable que le bonheur sur terre. Ça ne fait rien, je continue à écrire.
Continuez à écrire... >>
J'ai choisi cet extrait dans : Le temps d'écrire de Blanche Maynadier afin d'évoquer le passage où elle parle de Laurent, personnage sorti de son imagination, mais à qui elle sut donner une âme et une vérité touchante... Preuve (si il en était besoin) de la sensibilité et de l'émotion dans laquelle son coeur et son âme étaient capables de se projeter afin d'y faire vivre un amour imaginaire...
Je suggère à toutes les personnes sensibles aux poésies de Blanche, et désireuses d'en connaître davantage, de suivre le lien ci-dessous afin de contacter l'association qui vous permettra de vous procurer : livres et recueils de poésies.
Le PARC :
http://leparc.populus.ch/
Martial Maynadier - fils de Blanche - se fera un plaisir de répondre à toutes vos demandes et questions.
Lien permanent dans la colonne de droite de mon blog.